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L'HISTORIQUE DE LA MARINE DE LOIRE

La Loire, lumen clarum Liger, qui a l'avantage de n'être séparée du Rhône et de la Saône que par une ou deux journées de marche, ainsi que celui de permettre la remonte à la voile ; était de toutes les voies fluviales la plus fréquentée.

Déjà à l'époque de César…

Nourrir la plèbe de Rome et des grandes villes était le premier des soins du gourvernement impérial. Or, il n'entrait pas à l'esprit de ce dernier, de laisser à l'industrie privée une fonction de telle portée, de lui abandonner sans contrôle, la charte et le monopole des transports d'où dépendaient l'alimentation du peuple et la solvabilité du trésor !

Sous Constantin se formèrent les collèges naviculaires (navicularii), qui jouissaient de privilèges importants. Rien ne devait arrêter dans sa marche le navire chargé de denrées, il était affranchi des péages et quiconque inquétait les hommes de bord s'exposait à des sanctions sévères.

Les navicularii, les Nautes, étaient constitué en communautés. Dans les Gaules, plusieurs collèges de nautes se sont fondés dont les "Nautœ Ligerici" pour la Loire.

Une inscription trouvée à Nantes, sur un monument consacré à Vulcain, stipule "Pro salute vicanorum portensium et nautarum Legericorum". (Pour la santé des Marins, les villageois du port de loire).

Les Nautes des Gaules avaient pour mission principale de pourvoir aux transports et d'assurer les arrivages, des vins, des bois, des huiles, des fers, des denrées et marchandises que consommaient les grandes villes.

Déjà, la corporation des nautes unissait, mais en leur assignant des rangs différents, à la fois le batelier, l'entrepreneur de transports par voie fluviale, le négociant propriétaire des bateaux employés au transport de ses propres marchandises.

C'est dans ce collège que se trouve l'origine première et le berceau de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loyre, qui a exercé, au moyen âge, un monopole analogue.

Aux XIIIè et XIVème siècles, La communauté des marchands fréquentant la rivière de Loyre et ses fleuves chéant en icelle…

C'est à cette époque, que l'on rencontre sur la Loire une corporation de marchands navigateurs, dont l'organisation puissante, indique une origine ancienne, qui nous permet de la rattacher à l'antique collège des "Nautœ Ligerici".

Cette "Communauté des Marchands de Loire" apparaît sous Philippe Le Bel. Après huit siècles de silence, de confusion, d'obscurité ; on sent qu'une succession s'est transmise, une continuité s'est établie entre ces deux époques.

Les plus anciens actes remontent au XIIIème siècle, lorsque Jean sans Terre fit appel à cette communauté pour l'acheminement de matériaux liés à la reconstruction de sa ville d'Angers. Dans cette France fracturée entre plusieurs pouvoirs provinciaux, différents seigneurs donnent des ordres de mission à la communauté. De tels actes sont ceux d'une société constituée depuis longtemps, qui est loin de son berceau.

Au cours du XIVème siècle, les marchands fréquentant la rivière de Loyre et les fleuves descendant en icelle (c'est le nom qu'ils se donnent), sont tenus pour exercer de temps immémorial le monople de la navigation dans le bassin de la Loire. Cette denière relie entre eux les corps de marchands des villes riveraines de la Loire et de ses tributaires, les individualise et les représente, non seulement en fait mais en droit.

A cette époque la France reste encore un manteau d'Arlequin. Comtés, baronnies, seigneuries se succèdent en s'ignorant. Autant de petits "états" indépendants qui veulent faire à leur guise, avec leurs pouvoirs locaux.
La communauté représente une unicité de pouvoir et de décision sur le bassin de la Loire, de sa source à son embouchure. Nous voyons là, scellée par l'intérêt, la plus ancienne formation "syndicale" de travailleurs et de dirigeants. Elle prospèrera et durera plusieurs siècles. C'était quand même beau de voir une semblable organisation, et cela dans un temps troublé (les XIVè, XVè et XVIè siècles de notre histoire, vous le savez mieux que moi, n'ont pas été des siècles faciles) !

Des difficultés apparurent avec l'instauration des péages dans les différentes provinces établies sur la Loire. Il fallut plus de deux siècles pour que le pouvoir royal, sous Charles VII le 15 mars 1430, décide de l'abolition des péages privés dans le bassin de la Loire. La gestion en revint à la Communauté des Marchands de Loire, et s'intitula le droit de "boîte".

La royauté soutint donc la Communauté des Marchands ; elle lui donna la charge de maintenir le fleuve en état de viabilité navigante et elle lui accorda, ce qui était logique, certains droits de perception.

Voyages par la Loire aux XVè, XVIè et XVIIè siècles…

Le transport des denrées et marchandises n'était pas l'unique activité de la communauté. L'industrie batelière avait également pour objet le transport des voyageurs. A la descente, et même à la remonte, de la Loire, de l'Allier et même des rivières de l'Anjou, beaucoup de voyages s'effectuaient par la voie de l'eau. Ce fut toujours un moyen économique de locomotion, et avant l'établissement des relais de poste, c'était (à la descente surtout) le plus rapide.

Durant cette période la compagnie des marchands prospéra et connut son apogée. Elle régna en maître sur le bassin de la Loire en assurant le transport des denrées, marchandises et voyageurs. Cette communauté comprenait dans toute son étendue les corps de métiers suivants (marchands, armateurs, négociants ; mais aussi cordiers, maître voilier, les charpentiers de marine et bien sûr les mariniers) ainsi que les administratifs et les bourgeois.

Depuis le début de son existence, la Communauté géra et s'occupa du lit de la Loire. Les mariniers faisaient régulièrement le balisage, et les infrastructures (digues, levées, etc…) étaient gérées par la guilde.

Mais en 1573 le pouvoir royal met en place un super intendant pour les levées et turcies de Loire et crée une institution à part entière.

Décadence et suppression de la Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loyre durant les XVIIè et XVIIIè siècles…

Après des siècles d'existence, et une gande réussite, Colbert ordonne en 1682 la suppression du droit de "boëte" pour la communauté des marchands de Loire (la mesure fut définitivement effective en 1758).

D'autre part, Mathieu (architecte des bâtiments sous Louis XIV), déjà chargé de la surveillance des Turcies et Levées, et des Ponts et Chaussées, fut également missionné pour inspecter les rivières. En fait, l'assemblée des Marchands était dépossédée. La Communauté n'avait plus de raison d'être.

Le Roi, en décembre 1772, donna un édit portant suppression de l'administration des Turcies et Levées et, en même temps, du bureau des Marchands fréquentant la Loire. La Communauté, cette fois, était bien morte.

Avec le recul, on peut remarquer que la gestion de l'état, après celle d'une guilde qui avait fait ses preuves durant quatre siècles, ne marqua pas de progrès. Bien au contraire…

Pour résumer :

  • Époque Gallo-Romaine : naissance et constituion des "Nautœ Ligerici" premier collège de nautonniers affectés à la Loire.

  • 13ème & 14ème siècle : Renaissance et/ou création de la "Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loyre et ses fleuves descendant en icelle"

  • Du 15ème au 17ème siècle : Prospérité et puissance de la Guilde des Marchands. Pleins pouvoirs sur le bassin de la Loire.

  • 17 & 18ème siècle : Déclin et suppression de la Communauté des Marchands de Loire.

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